Un cœur de braise
(En hommage à un jeune berger palestinien)
Qu’advint-il de cet innocent
De son visage tout gai tout rose
Qui s’en va dans les près chantant
Comme un rossignol qui dispose
De son ariette charmant les bois
Et qu’un sort harcelle par moment.
Il sommeille sans craindre les abois
Sa flûte aux flancs vibrant aux vents.
S’oubliant dans un rêve profond
Sur l’asphalte, il berce son bel âge
De chaque rêve, il rédige mille pages
Quel artiste il est ! Quel talent !
Il cache dans sa mémoire d’enfant
Les sources où il puise l’insouciance
A travers champs, dans ses errances
Il incarne tous les rôles ardents.
D’un roi sur les remparts de Troie
Ou du héros Robin des bois.
Et ces mots pour compter fleurette
A la bergère, à l’alouette.
Souvent, pour s’amuser, l’enfant
Sans spectateur ni concurrent
Il lance des pierres d’un geste sûr
Fait des ricochets sur l’eau pur.
Et quand la faim s’abat sur lui
Il sort d’un sac où il enfouit
Un peu de beurre et du pain dur
Rien ne le dérange sous l’azur
Les croûtons beurrés, croustillants
Qu’il grignote maladroitement
Larguant les miettes aux grands gyrins
Au rythme cool d’un orchestre ovin.
Et tous ces ressacs et ces chants
Ces menus dieux s’estompent souvent
Sous les canons et bombes souveraines
Qui tonnent et puent la chair humaine.
Plume : Abdel Hamid Elbadaoui